Remontage du vilebrequin

Vilebrequin. Vilebrequin... ça doit probablement venir de "vil brequin". Parce que c'est CHIANT à remonter !!!

Normalement, il faut un outil spécial dont la revue technique fournit gentiment les plans. De deux choses l'une, soit le rite initiatique de recrutement des mécanos Honda modifie profondément certaines connexions synaptiques et leur permet d'accéder à un niveau de conscience supérieur inaccessible au commun des mortels, soit l'auteur de la revue Moto Technique a tenté plusieurs fois sans succès de passer les examens pour entrer chez Honda et cela lui a laissé de graves séquelles, soit, dernière hypothèse, votre serviteur est plus niais que la moyenne, mais à ce jour personne n'a su décrypter le plan aimablement fourni. Le voici d'ailleurs, les intrépides pourront s'y user les neurones :


D'ailleurs M. Honda dans sa grande sagesse a prévu de vendre l'outil en question. Mais aïeouch, son prix est plutôt dissuasif, voire très très dissuasif, genre arme atomique !

Une pensée émue pour le cadavre de 240KTM caché derrière le billot supportant la 600 rappelle alors à votre serviteur qu'un bon mécano ne possède généralement pas les outils spéciaux. Donc on va s'en passer. Ok, mais alors comment faire ?

Deux options :
- effacer la moitié de ce site et aller voir un mécano Honda pour lui faire remonter le vilebrequin dans le carter. Y aller de nuit en hiver et payer en liquide. Mais cela pose deux problèmes : il faudra ensuite abattre le mécano pour éviter de laisser un témoin. La chose en vaut-elle vraiment la peine ? Et puis il faut attendre l'hiver.
- autre solution : fabriquer l'outil miracle.

Après une longue réflexion, c'est cette seconde solution qui sera retenue.
Mais foin des plans compliqués de M. Honda, on fera dans la simplicité. La vis de fixation du rotor d'allumage a quand même l'air très costaud. Il doit donc y avoir moyen de l'utiliser pour tirer le vilebrequin et le remettre en place. Par contre il faut absolument prendre appui sur l'intérieur du roulement plutôt que sur le carter car l'effort porterait alors entièrement sur le roulement ce qui aurait pour effet probable de le tuer. Il faut donc un clylindre d'un diamètre à peu près identique à celui de la bague intérieure du roulement, cylindre dont un bout serait pratiquement fermé pour que la colerette de la vis de maintien du rotor puisse prendre appui dessus. Bon. Que faire ? Fastoche : traîner dans un magasin de bricolage et fouiner dans les rayons jusqu'à trouver la solution...

...et ça marche ! Les gentils plombiers utilisent des tuyaux d'un diamètre exquis. Mieux, ils utilisent même des tuyaux de différents diamètres et pour cela ont besoin de manchons de raccordement. Et l'un des plus communs semble avoir été conçu en pensant au malheureux mécano du dimanche spécialisé en billots et 600XLR. Que demande le peuple ?


On voit bien le manchon et la grosse rondelle qui viendra aider la vis à porter sur le manchon. Une fois monté, ça donne ça :


Le remontage fut difficile car la queue de vilebrequin est vraiment entrée dans le roulement en force. Pour de vrai. Non mais réellement. Après avoir forcé comme une mule pendant plusieurs minutes et craint de casser la vis, le vilebrequin semble être correctement positionné. Ouf !

On en vient ensuite à remonter le balancier d'équilibrage. Actionné par un engrenage monté sur le vilebrequin il fait tourner une masse qui compense les mouvements de la bielle et permet de diminiuer les vibrations typiques et néamoins destructrices de tout gros mono. On remonte le balancier d'équilibrage en alignant bien les deux points gravés sur les engrenages respectifs :

Ensuite on teste les mouvements de la bielle et la rotation du vilebrequin. Las, les engrenages ne sont pas parfaitement en face l'un de l'autre. Le vilebrequin n'est pas complètement enfoncé dans le roulement du carter. Donc on recommence à visser... Le manchon se tord sous l'effort... On force de plus en plus... jusqu'à ne plus pouvoir même en ajoutant un manche à la clé dèjà longue, et... c'est bon !!!

C'est bon ! Rhaaaaaaaa, mais oui c'est bon : le vilebrequin tourne nickel et le balancier d'équilibrage avec ! Trop fort !!!

Mais, mais, une impression étrange. Il y a un truc bizare. Quelque chose qui n'est plus comme avant... mais quoi ? Les billes. Quoi les billes ? On les voit. On voit les billes du roulement depuis l'extérieur du carter. Et ça c'est louche. Vite, on vérifie... et merdeuuuuuuuuuu à quoi sert cette espèce de grosse rondelle métallique posée sur l'établi ? Hein ?

Donc on ressort le vilebrequin en priant pour que le roulement ne vienne pas avec. Et on recommence au début de la page. Oui, relisez depuis le début pour comprendre ma douleur... Merci.

Une fois remonté avec la rondelle en place, c'est mieux :


Cette étape fut nettement plus sympa pour le CCP car le manchon raccord de plomberie est carrément abordable, au moins tant qu'il n'est pas estampillé Honda !

On peut maintenant passer au remontage du bas moteur ou revenir à l'accueil.